vendredi 29 mai 2015

De Venise à Sarrebourg

Les élèves devront évoquer en introduction (pour ceux qui y étaient)leur voyage à Venise et leur visite à Murano.

I-Les origines du verre





II- L'arbre de vie de Marc Chagall

Auteur : Marc Chagall
Période d’activité : XXe
siècle
Titre : La Paix (ou l’Arbre de Vie)
Dimensions : 12 x 7,50 m
Date de création : entre 1974 et 1976
Technique : peinture sur vitrail
Lieu d’exposition : Chapelle des Cordeliers à Sarrebourg en Moselle (France)

A propos de l’œuvre, de l’artiste, du contexte de création

« La Paix » est le plus grand vitrail réalisé par Chagall. Il a été élaboré sur demande
du Maire de Sarrebourg, Pierre Messmer, ancien Premier Ministre.

Au centre du vitrail, un bouquet représente l’Arbre de Vie avec Adam et Ève,
Légèrement excentrés.

De part et d’autre de cet Arbre de Vie des scènes bibliques sont évoquées :
les tables de la Loi, la crucifixion, le Roi David et sa harpe, le Roi Salomon,
Isaïe tenant un livre ainsi qu’un serpent, évocation du bien et du mal…

Chagall, d’origine russe, était l'un des plus célèbres artistes installés en France
au XXe siècle. Chagall s'est essayé, outre la peinture sur vitrail, à la peinture
sur de multiples supports, à la poésie.

Vitraux de Metz - Les Patriarches  1958-1968










Analyse et Interprétation de l’œuvre :

Chagall est venu tardivement à l'art du vitrail.C'est en 1952 qu'il s'initie à ce nouveau mode d'expression. Chagall a écrit "Le monde où je vis est fermé". Le vitrail répond à une exigence d'ouverture.Il  nous fait voir le monde par l'intérieur en l'ouvrant à la lumière
Chagall a écrit "Depuis ma première jeunesse, j'ai été captivé par la Bible … C'est la plus grande source de poésie de tous les temps".

Le bleu est la couleur dominante qui donne le ton, un bleu qui n'est pas uniforme mais nuancé, contrasté. L'arbre de vie occupe l'espace central du vitrail. Cet immense bouquet multicolore est un hymne à la vie. Il symbolise la création tout entière dans son unité dynamique et sa fécondité
Le créateur planta l'Arbre de vie au milieu du jardin d'Eden, comme symbole de l'immortalité à laquelle l'homme était appelé.


Au cœur de l'Arbre de vie le premier couple humain. Il ne s'agit pas de la création d'un homme solitaire : l'homme et la femme sont tournés l'un vers l'autre. L'homme est un être de relation "Il n'est pas bon que l'homme soit seul". L'homme a péché et a été chassé du paradis mais tout n'est pas perdu car si Dieu avait renoncé à son amour créateur l'Arbre se serait desséché. Or le tronc garde toute sa vigueur.


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Adossée à ce tronc une maternité à peine visible veille. "Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l'Esprit du Seigneur". Au pied de l'Arbre cette maternité car il vient en tant que prince de la paix.
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En haut à droite la menorah "en modèle réduit". Selon la tradition juive la lumière de la menorah doit éclairer le visage de l'homme et ouvrir son cœur à la lumière qui vient d'en haut. Nous avons besoin de la lumière de Dieu pour accueillir sa parole.

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Sur la droite en haut du vitrail une évocation des Tables de la Loi. La Torah est l'expression de la volonté de Dieu qui veut nous associer à sa sainteté. Les commandements de la Torah sont la garantie des droits de l'homme. "Si tu écoutes les commandements de Yahvé tu vivras et multiplieras … Je te propose la vie ou la mort …. Choisis donc la vie" dit le Deutéronome. On retrouve ainsi l'Arbre de vie.

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A droite en descendant des figures d'animaux : un lion, une vache, un cobra …
Evocation de la vision d'Isaïe "Le loup habitera avec l'agneau, … le nourrisson s'amusera sur le nid du cobra". C'est la terre réconciliée avec Dieu et avec elle-même. Chagall voulait un monde en harmonie avec toutes les créatures.

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Au-dessus de la cime de l'Arbre on voit se dresser la silhouette jaune du Christ, couleur soleil levant
Les bras tendus il enseigne ses disciples groupés autour de lui. Au sommet de l'Arbre de vie qui occupe la majeure partie du vitrail, le Christ, revêtu de lumière, annonce les Béatitudes. "Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu". Le thème de la paix n'était pas pour Chagall un simple motif artistique. Toute sa vie fut une recherche tourmentée de la paix

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A droite vers le bas, le prophète Isaïe est assis et tient en mains le Livre et médite sur la parole qui lui a été donnée. Son vêtement vert est de la couleur de l'espérance

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Tout en bas une évocation du pays de Sarrebourg avec ses maisons, ses forêts, ses cerfs
Jésus entre à Jérusalem en homme de paix. Il est assis sur un âne, la monture des plus humbles.
Il vient pour donner la vie en abondance.
Il entre dans Jérusalem acclamé par la foule des pauvres et des petits qui agitent des rameaux d'olivier. Le roi David a reconnu en Jésus son Seigneur et de joie il joue de la harpe

La couleur rouge est la couleur du sang qui sera bientôt versé. Le Christ crucifié tout en haut à gauche du vitrail. Chagall accorde au Christ crucifié une place importante. Le crucifié lui apparaît comme la figure emblématique du destin d'Israël. L'élévation du Christ en croix réalise tout ce que symbolisait le songe de Jacob. L'échelle qui s'élève de la terre au ciel c'est la croix du Christ qui à travers la nuit et l'horreur ouvre notre monde à la lumière.
La croix du Christ est la véritable échelle qui rétablit la communication et l'Alliance. Les persécutions qui s'abattirent sur son peuple lui firent voir dans le crucifié l'accomplissement de la prophétie d'Isaïe

"Ce sont nos souffrances qu'il portait". Le crucifié est la figure de son peuple mais aussi de toute l'humanité souffrante.


Les joueurs de Skat, les Gueules cassées dans Cris de Laurent Gaudé et chez Otto Dix

Huile sur toile et collage, 1920
Otto Dix, peintre allemand né à Dresde en 1891. S'engage dans l'artillerie après des études d'Arts en 1914.

Recherches personnelles à présenter au cours de l'épreuve:
de préférence informatisées,imprimées et agrafées …
  • biographie d'Otto Dix en 15 lignes
  • qqes tableaux célèbres et leurs thèmes
  • A partir du site www.gueules-cassees.asso.fr présenter un petit résumé d'une vingtaine de lignes sur la situation des gueules cassées après la première GM.
  • Trouver le nom d'autres artistes s'étant intéressés aux Gueules cassées et noter le nom des oeuvres concernées (vous pouvez adjoindre une image)

La scène présente 3 hommes en train de jouer aux cartes dans un café à Dresde (on remarque le porte manteau, les journaux sur présentoir). Ces hommes sont des vétérans de la première guerre mondiale, des allemands (croix de fer sur l'homme en bleu).
On a l'impression que le tableau est un puzzle mal assemblé.

L'homme en bleu : Il est amputé des membres inférieurs au niveau de la taille et il est manchot d'un bras. C’est donc presque un homme-tronc. Son bras manquant est remplacé par une prothèse articulée à l'épaule. Il n'a plus de nez et sa mâchoire inférieure est en métal. Elle porte la signature du peintre et son portrait en médaillon. On remarque qu'Otto Dix fait apparaître des choses cachées ou invisibles : les engrenages des prothèses sous les vêtements ou sous la peau, les membres amputés (ici le sexe, qui symbolise l'impossibilité du désir)
L'homme au centre : Il est amputé des bras, il tient son jeu dans un porte-cartes et joue avec sa bouche. Amputé aux genoux, ses tibias sont en bois. Son visage est ravagé : il a une mâchoire de métal, une oreille de métal, un œil de verre et une plaque dans le crâne. Sur la plaque est gravé un couple qui danse et la carte qu'il montre est une dame de coeur. Cela symbolise les rêves perdus de ces hommes abîmés, ceux de l'amour et du désir inassouvi.
L'homme en vert : c'est le plus abîmé des trois, vraisemblablement il est en attente d'une chirurgie réparatrice. Son visage est complètement brûlé, son orbite est vide, un appareil auditif rudimentaire lui sort du crâne.

Bilan :
Traumatisé par la guerre des tranchées (voir le triptique « La Guerre »), Otto Dix met en scène des corps désarticulés et des rêves brisés. A travers ses personnages abîmés, il peint un sombre présent : écroulement économique de l'Allemagne, approches de nouvelles guerres.
Les mutilations affichées des tableaux dénoncent la violence des combats, les hommes ne sont plus que des marionnettes que l'on exhibe, des monstres grotesques en attente de reconnaissance.




Etude de passages au choix à mettre en rapport :
-  la fuite de Jules en train

Jules est en permission, il prend le train pour se rendre en ville. Il est très réjoui à la perspective d'enfin pouvoir refaire l'amour à une femme. Mais en même temps il est terrifié : il pense qu'il a été transformé en monstre par la guerre, il se sent capable de tuer et d'étrangler au moindre contact.

Les maux de Jules- symptômes :


Symptômes physiques
Symptômes psychiques
Il est complètement sourd
N'arrive plus à dormir à cause des cauchemars
Se sent vieux
Il est couvert de plaies et de cicatrices
Il ne contrôle plus ses yeux
Son corps tremble
Corps douloureux en permanence
Il a toujours peur
Il ne se croit plus un homme, il se croit un monstre, une bête
Son corps fait de lui un tueur
Il a peur de violer et d'étrangler les femmes qu'il rencontre
A toujours envie de pleurer, se sent seul





L'auteur nous parle à travers le monologue (ou soliloque) de Jules des traumatismes des soldats. Ils sont autant physiques que mentaux et semblent empêcher toute réinsertion sociale. (mener une vie normale dans le civile, se comporter correctement avec les autres)

- la description des tranchées : les hommes de boue

Les corps difformes

Trois personnages vont évoquer l'apparence des soldats « de la vieille garde », c’est-à-dire des vétérans.
Champ lexical de la difformité : « une momie qui respire, un monstre accidenté, un masque de pansements, un peuple de boue, des ombres sales et courbées, le regard vide, un cortège fantôme, des hommes hideux, des visages hirsutes et vagabonds, des chevaux de trait, des chiens malades, des hommes exsangues »

L'auteur évoque les vétérans de trois façons :
  • par leur corps ravagé : les hommes ont été détruits par les éclats d 'obus et les shrapnels. Ils ont une apparence repoussante. Ils étaient surnommés « Les Gueules cassées ».
  • par leur âme détruite ou « endormie » : soit du fait de leurs blessures, soit du fait de ce qu'ils ont enduré au cours de leur incorporation, de nombreux soldats se sont retrouvés inadaptés à la vie sociale.
  • L. Gaudé emploie 2 comparaisons animales : la première renvoie aux lourdes tâches effectuées par les hommes, sans choix possible ; la seconde les renvoie à leur inutilité : malades, épuisés; ils sont bons pour le rebut. Les comparer à des animaux revient aussi à leur nier leur humanité.

L'auteur utilise également une métaphore pour parler de ces soldats qui reviennent du front : « les hommes de boue ».
Sens propre : ils sont couverts de boue
sens figuré : comme dans la Bible, les soldats ne sont plus humains, ils sont inexistants (en mourant ils retournent « à la poussière », Dieu a crée l'Homme du néant à partir de la boue)

Bilan : Laurent Gaudé dénonce les ravages de la guerre, qui transforme inéluctablement les hommes. Loin de les rendre plus forts ou meilleurs, elle annihile.



Les publicités coloniales

A) Analyse de l'affiche « chocolat Félix Potin »
Le visuel : On observe un personnage noir, qui danse en tenant un bol de chocolat à la main. Le fond de l'affiche est rayé verticalement à la manière des gilets sans manches (= plastron) des domestiques. Cela sous-entend que les noirs ne peuvent accéder qu'à des fonctions subalternes (= inférieur)
=> c'est un préjugé de classe sociale
Il est vêtu de la livrée (= uniforme) traditionnelle du domestique ; il porte des gants blancs afin que les patrons ne soient pas « incommodés » par la couleur (= saleté?) de ses mains.
=> préjugé : le noir est sale
On remarque que les traits de son visage reflètent les idées reçues de l'époque sur les noirs : grande bouche souriante, lèvres épaisses, nez épaté, il a l'air « abruti mais heureux » ; cette bêtise est reprise dans la posture de l'homme qui sautille.
On remarque son regard : les yeux au ciel, extatique, il semble remercier Dieu d'avoir créer le meilleur des chocolats.

Analyse des slogans : celui du bas constitue une publicité emboîtée dans l'autre, puisqu'on y vante les mérites du fouet à chocolat brandi par le noir : la « chocolette », et qu'il justifie le slogan du haut :  « battu et content ». (polysémie du mot « fouet », employé en cuisine et dans une écurie)
Cette publicité est ambiguë (= a un double sens) car le slogan :
  • est placé à la fois près du mot « chocolat » et près du personnage
  • parce qu'il y a une personnification : est-ce le chocolat ou le noir qui est ravi à l'idée d'être battu ?

=> Cette publicité fait donc état d'une société pleine de préjugés et de clichés, une société qui accepte sans réfléchir des idées reçues datant du temps de l'esclavage : ce n'est pas un crime de battre un noir, puisqu'il en est content et puisque c'est le seul moyen de le faire travailler.

B) analyse de la publicité savon « La Coquille »
Analyse du slogan : La publicité pour ce savon de Marseille, destiné à un usage professionnel (il sert de lessive). Il est efficace, car une blanchisserie (= pressing) réputée le recommande.
L'ambiguité de la publicité réside dans l'emploi du mot « Blanchir », qui signifie « rendre blanc et propre ».
Cette publicité est donc dérangeante pour deux raisons :
  • elle transforme le noir en objet car ce savon n'est pas destiné à laver des humains (= réification, c'est le contraire de la personnification)
  • elle est humiliante car elle suggère que les noirs ne se lavent pas d'eux mêmes

Analyse du visuel : cette publicité date de 1906, moment où des tractations et des négociations agitaient l'Europe pour le partage des colonies africaines. (Des guerres coloniales ont lieu de 1897 à 1917 à peu près).
Cette publicité s'appuie sur l'actualité de l'époque et met en scène des pays ou ses représentants.
  • A l'extrême gauche, on observe Le jeune roi d'Italie : droit comme un i, en costume de garde royal, le casque trop grand, présentant le savon sur un plateau. Il est en retrait car l'Italie a 3 colonies en Afrique
  • Il est suivi d'Oncle Sam (reconnaissable à son costume de banquier du 19e s et à son chapeau claque parsemé d'étoiles). Il a l'air narquois et goguenard, comme si la situation l'amusait.
  • Le 3e personnage représente Alphonse XIII le roi d'Espagne, il prend part au savonnage : l'Espagne possédait des portions de Maroc, de Tunisie et d'Algérie, la Guinée et le Gabon.
  • Le 4e personnage est un écossais, il est le représentant de l'Empire Britannique qui possède de nombreuses colonies en Afrique de l'Est. Livingstone (un explorateur de l'Afrique est écossais , ainsi que de nombreux marchand et prêtres)
  • Le 5e personnage est la France, premier colon de l'Afrique. C'est Marianne avec son bonnet phrygien ; dodue, elle représente la richesse de la France.
  • Le 6e personnage est Nicolas II, caricaturé sous la forme d'un bébé mangeant du savon. En 1906, la Russie affronte sa première révolution intérieure, elle ne prend pas part au partage de l'Afrique. On le reconnaît à sa chapka.
  • A ses pieds, un japonais agenouillé lui savonne le bras. Il est souriant car il vient de gagner la guerre contre la Russie et il récupère une partie de la Chine : la Mandchourie.

Pour voir des images de publicités coloniales on peut se rendre sur le site suivant (pas génial le site, mais la sélection d'images est très bonne !) en cliquant là !

Trop tôt pour mourir

HDA : « Trop tôt pour mourir », par la Compagnie L'Atelier du premier acte
Domaines : Arts du langage, du visuel, du son, de l'espace / Arts du spectacle / Arts du vivant
Thématiques : Art, technique & expression / Art, création, culture / Arts, États et pouvoirs


DOCUMENTS : affiche, jaquette de présentation, documents sur le monument aux morts & extraits de la pièce; voir articles et photo sur ce même blog (VOIR les deux articles, avec photos, publiés en 2014, mois de septembre  )

 
Intro
Date & nom de la représentation ; auteur & metteur en scène : Lionel Courtot sur projet de commande de la ville de Montbéliard ; 5 comédiens.

I- L’incident de Joncherey
a) Le contexte historique (cf I, scène 6 : « la logique mécanique des blocs », dit par le père de Peugeot)
+ costumes & accessoires, réalisme
+ rôle de la presse, à la fois vendeur à la criée & articles lus par le père Peugeot.
b) L’incident de Joncherey ; résumé.
c) La symbolique de l'événement en se basant sur l’affiche + le premier sens du titre du spectacle « trop tôt » = guerre pas encore déclarée


Transition : un deuxième sens au titre ; trop tôt = trop jeunes

II- Trop tôt pour mourir : partie 1 & 2 : une pièce de théâtre pour montrer la guerre,
faucheuse de jeunesses des deux côtés de la frontière.
a) Le découpage de la pièce : fondé sur l'alternance côté français / côté allemand :
- alternance spatiale ; division de la scène en 2 côtés, avec des éléments de décor identifiants (une table bureau pour l'instituteur français / un divan pour famille plus « noble » allemande
// alternance des costumes et des rôles ; explication du fonctionnement (16 rôles pour 5 acteurs, avec croisements), avec tout visible sur scène (portant en évidence au milieu, au fond) pour bien guider le lecteur
- jeu de lumière – noir pour découper les scènes
- le tableau = un récitatif, qui souligne le caractère inéluctable du temps qui passe
b) Deux jeunes hommes différents ?
- situation : JP. : jeune instituteur (comme maman) ; famille rurale, simple ≠ AM. : se cherche une situation, doit honorer la famille bourgeoise ; pratique l'équitation
- rapport à la mère : JP. : tutoiement ; juste accolade pudique de la mère française, milieu + rural ≠ AM. : froideur & rigueur maternelle, vouvoiement, distance & respect
MAIS : - même rapport aux filles : JP. : douceur, gentillesse, complicité avec sa sœur Alice, qu'il surnomme affectueusement « la bouille » (elle : « le gros ») // AM. : amoureux de Marie, contre l'esprit de famille.
- rapport à la guerre : même résignation : JP :« Chienne de vie» (I, 4) ms «je serai prêt, quoi qu'il arrive» (I, 6) / AM.:« Je ferai honneur à la famille... Je ferai honneur à la patrie » (I, 5) mais « je déteste cet uniforme » (II, 1)
- Caractère, attitude ds l'armée ; témoignages de leurs « gars » : « Vous pouvez souffler un peu. Profitez-en pour écrire à vos familles » (JP. III,6) / AM :« le lieutenant, c'est vraiment un chic type » & « plusieurs fois ds la nuit il vient ns demander si tout va bien... Il est comme ça, le lieutenant. » (III,2)
- même recours à la lettre : JP. : à ses parents / AM. à Marie (lettres fictives) & à ses parents (lettre réelle)
Deux jeunes dans la force de l'âge, honnêtes, résolument humains, pas si différents que ça :
« Ces gamins ont une telle énergie, une telle insouciance » (JP.L II, 2) / « La jeunesse est en manque d'idéal. N'ayons pas peur de mourir pour lui donner le sens du sacrifice »(AM. III,2). Ils sont rapprochés par le théâtre.

III- Trop tôt pour mourir : partie 3 & 4 : une pièce de théâtre pour se souvenir, d'hier à aujourd'hui.
a) Rapporter le drame au théâtre ; représentation de la scène 7 de la troisième partie = pas de combat, mais des paroles (théâtre) avec récit par des tiers (// règle de la bienséance classique) ; émotion soulignée par changement de lumière (rouge, évoque le sang), alors que le décor a disparu ; il n'y a plus que les mots.
b) 4ème partie, scène 6 (cf doc 2) : l’épopée de l’érection du monument (rapide, 6 mois après, dates, destruction…), historique, en insistant sur la dimension unique & originale de ce projet (énumération): 1er monument aux morts, individuel, souscription internationale… Rq : Même traitement sur scène que le drame de Joncherey : « récit » parallèle de « fantômes », avec jeu de lumière blanche (fantômes).
Avec : - Jules Peugeot : dénonciation de la récupération politique de sa mort
- Albert Mayer : long processus de réhabilitation, après insubordination, non reconnaissance de l'ordre donné
+ fantôme de Marie : rôle imaginaire (licence théâtrale, pendant d'Alice), qui dramatise aussi, mais qui les fédère surtout en les faisant se rapprocher d'elle (cf didascalie) : « ils étaient étrangers l'un à l'autre, et pourtant si proches » ; « il est important de ne rien oublier »
c) Le rôle de la pièce aujourd'hui :
- faire revivre l'événement, dans sa vérité historique (évoquer la réhabilitation, restée méconnue en Allemagne surtout)... dans les limites du genre théâtral (drame raconté // bienséance classique + rôle de la parole au théâtre) & avec les atouts du genre (licence théâtrale, ajouts de personnages ; émotion des chants militaires & lettres lues en voix off entre les scènes, émotion du récit par des témoins...)
- mettre en évidence les similitudes de ces 2 destins ; célébrer l'union franco-allemande (d'ailleurs, premiers « mots » = un lied allemand) en soulignant les points communs (d'ailleurs, changement symbolique des uniformes par les « filles » / soldats : parallélisme, mimétisme...)
- didactique, pour faire passer le message inscrit sur le socle du Monument : « Que ceux qui ne savent pas apprennent, et que ceux qui savent se souviennent… »


Conclusion : Avis personnel sur la mise en scène + dans quelle mesure ce spectacle vous a aidé à prendre conscience du devoir de mémoire

Lily Marlène (français)

Analyse stylistique : « Lily Marlène », paroles historiques, traduites par Henry Lemarchand, 1940.
Fabienne Ottenwelter, HDA, mars 2014

« Lili Marlène », paroles historiques
  tr. Henry Lemarchand, 1940
1. Devant la caserne
Quand le jour s'enfuit,
La vieille lanterne
Soudain s'allume et luit.
C'est dans ce coin là que le soir
On s'attendait remplis d'espoir
|: Tous deux, Lily Marlène. :|

2. Et dans la nuit sombre
Nos corps enlacés
Ne faisaient qu'une ombre
Lorsque je t'embrassais.
Nous échangions ingénument
Joue contre joue bien des serments
|: Tous deux, Lily Marlène. :|

3. Le temps passe vite
Lorsque l'on est deux!
Hélas on se quitte
Voici le couvre-feu...
Te souviens-tu de nos regrets
Lorsqu'il fallait nous séparer?
|: Dis-moi, Lily Marlène? :|

4. La vieille lanterne
S'allume toujours
Devant la caserne
Lorsque finit le jour
Mais tout me paraît étranger
Aurais-je donc beaucoup changé?
|: Dis-moi, Lily Marlène. :|

5. Cette tendre histoire
De nos chers vingt ans
Chante en ma mémoire
Malgré les jours, les ans.
Il me semble entendre ton pas
Et je te serre entre mes bras
|: Lily...Lily Marlène :|


Présentation :
Ce n'est pas seulement une « traduction », mais une véritable réécriture poétique, cf forme générale:
5 strophes de 6 vers vers, des sizains + un 7ème vers répété, à effet de refrain ; des effets musicaux.
Vers : 5-5-5-6-8-8 (-6) : pentasyllabes / hexasyllabes / octosyllabes ; réguliers, avec nombre croissant, qui fait ressortir le 4ème vers de chaque strophe par rapport aux trois premiers.
rimes : ababcc = 4 rimes croisées et 2 plates ; des effets sonores, à la rime.


Strophes 1 & 2 : un drôle d'amour.
Strophe 1 : un début d'histoire « classique », avec réponse aux questions habituelles qu'on se pose (C.O.Q.P. ; Q(i) C).
Cadre :
* Où : « devant la caserne (allusion militaire, avec déterminant défini, comme si le lieu est évidemment connu ; référence à l'époque),
« ce coin »,
sous une « vieil-le » lanterne, avec mise en relief de « vieille », dont le -e final est prononcé puisque le mot est suivi d'un mot commençant par une consonne (cf règles de prononciation des -e muets finaux en poésie)
+ Quand : « quand le jour s'enfuit » : métaphore banale pour désigner « le soir » (v.5)
→ un cadre désert, guerrier ; tout sauf romantique...
* Qui : personnages : narration à la première personne, dans le « on » familier, inclusif, « je+ toi » ; avec effet d'attente sur le destinataire, repoussé à la toute fin de strophe, dernier mot du vers-refrain
* Quoi : un rendez-vous amoureux... mais surprenant puisque «espoir » rime ici avec « soir » (≠ espoir synonyme de lumière en général)
* comment : plus familier et réaliste que romantique (pas d'envolées lyriques, mais un cadre tristement réaliste)
+ moment passé (cf imparfait de durée « on s'attendait »), mais raconté au présent de narration (« s'allume et luit » v.4), souligné par le connecteur temporal d'action « Soudain », qui a pour effet de nous faire sentir qu'en racontant ce moment passé, le narrateur le revit.
un amour secret

+ Strophe 2 :
* une proximité (« enlacés », renforcés par la liaison nos « corps-z-enlacés » ; « une ombre », « embrassais » et « joue contre joue » … répétée (avec l’imparfait)
* mais un amour caché, interdit puisque « qu'une (seule) ombre » rime avec « sombre »
* qui n'est toutefois pas sinistre puisqu'on note la rime « serments » avec « ingénument » = naïvement, innocemment ;
* et qui reste tout à fait moral, irréprochable puisque le baiser est précipité avec les 6 syllabes du 4ème vers de la strophe et, qu'ensuite, on se limite à un échange de paroles, de promesses.
un amour profond mais caché


Ruptures de la 3ème strophe :
interjection forte « Hélas » (v.17), qui marquez le désespoir.
séparation (champ lexical : « se quitte », « séparer »), due au couvre-feu, mis en évidence dans ce 4ème vers précipité de la strophe
jeu de temps : on passe du présent de narration (« on se quitte ») au présent d'actualité (« te souviens-tu ») ; rupture. Rq : vers 15-16 : (« le temps passe vite », entre un présent de narration et un présent de vérité générale.
type de phrase : du déclaratif avant, pour narrer l'histoire, à l'interrogative, utilisée 2 fois (v.19-20 + 21)
adresse directe et répétée au destinataire, Lily Marlène, avec « te », « tu » puis le prénom « Lily Marlène » v.21 ;
variation du refrain, en type de phrase, mais aussi dans les paroles, avec adresse directe au mode impératif ; besoin de se raccrocher à elle, de lui parler pour partager cette douleur de la séparation
un amour perdu.


Strophes 4 & 5 : un amour d'avenir.
Strophe 4 :
* répétition : mêmes mots, reprise de la figure de style, adverbe « toujours » & présent d'actualité... à la limite du présent de vérité générale ; situation immuable
* Mais encore une phrase interrogative ; différente toutefois car elle concerne « je » ; le narrateur s'interroge, se parle à lui-même
* « aurais-je changé » : conditionnel passé ; valeur d'irréel du passé ; traduit la vanité des sentiments, la lassitude, le doute
un amour passé et dépassé ?

Strophe 5 :
* Champ lexical de la nostalgie : « tendre », « chers vingt ans », « chante », « mémoire » ; identification de la jeunesse … éternelle ; force et vitalité du souvenir
* répétition dans le 4ème vers de la strophe : « malgré les jours, les ans » ; renforce le refus du temps qui passe
* « il me semble » et « je te serre » : présent d'actualité cette fois, à valeur même de futur. L'amour n'est pas oublié, dépassé, mais en le chantant, au contraire, il est actuel, bien vivant, éternel.
un amour actuel et éternel



Ccl : renforcée par la musique, cette ballade, qui présente un amour fort et pur, a trouvé son public et traversé les années, pour représenter la force des amoureux que rien, ni le temps, ni la guerre, ne peut séparer.

Caro, le jugement dernier

Le jugement dernier, Anthony CARO, 1995-1999, Collection Würth.

VOIR PHOTOS SORTIE PUBLIEES

Introduction :
Considérée comme son chef-d’œuvre des années 1990, cette installation, composée de 28 stations chacune étant inspirée de différentes sources (Dante, la Bible ou la mythologie classique...), évoque de façon originale et unique les thèmes chrétiens de la rédemption et de la malédiction.

L'artiste : Anthony CARO :
né le 8 mars 1924 à New Malden, Grand Londres ; britannique ; mort le 23 octobre 2013 ;
sculpteur abstrait dont le travail se caractérise, dès 1963 à son retour des États-Unis, par l'assemblage d'éléments métalliques de récupération, peints souvent de couleurs vives. Il travaillera aussi l'architectonique, les sculptures de table ou en papier.
il est nourri de sources et de références ; ses œuvres s'inspirent fréquemment d’œuvres du passé (ex : la chaise du tableau de Van Gogh, 1888, pour « Van Gogh Chair V », L'Annonciation de Duccio di Buoninsegna, 1311, pour « Duccio Variations N°2 » ou L'Adoration des Mages d'Andrea Mantegna, 1462, pour « The Procession of the Magi »...). Mais il n'est pas question de créer des copies serviles des originaux ; ces derniers ont plutôt joué un rôle déclencheur, orientant l'évolution des sculptures ainsi réalisées, dans un souci esthétique des proportions.
Ces sculptures de grand format, lourdes en poids mais laissant un espace au vide, placées sur le même plan que le spectateur, constituent un tournant radical dans l'histoire de l'art tridimensionnel.


I) L'origine et les sources de l’œuvre :

"The Last Judgement " trouve son origine dans les horreurs ethniques de la guerre et des nettoyages ethniques, en particulier dans les images atroces de la guerre de Bosnie-Herzégovine au début des années 1990. [// Picasso : Guernica, 1937, trouve son origine dans les sentiments du peintre à la suite du bombardement de civils innocents)
« Cette œuvre a trait au Kosovo, explique Anthony Caro. Elle n'est pas étrangère à ce qu'on voyait tous les soirs aux informations télévisées. La guerre, les bombardements, les massacres. Ces tragédies épouvantables ont eu un effet sur moi, c'est certain. »

Dans le choix des stations, on repère différentes sources :
  • des éléments bibliques : L'Echelle de Jacob, Les dernières trompettes, La porte du Paradis, Les Danses de Salomé, Judas, Confession
  • des éléments mythologiques : Charon / Les Furies / Les Champs-Elysées / Tirésias
  • des références explicites à la mort violente : La Porte de la Mort / Les Ombres de la Nuit // Nature morte – Crânes / Sacrifice
  • des références explicites à la guerre : Prisonniers / Guerre Civile / Chambre de Torture / Le Soldat Inconnu
Et dans le catalogue de l’œuvre, « validé » par l'artiste, chaque station est mise en regard d'une citation, extraite de l'Odyssée d'Homère, de l'Enéïde de Virgile, de l'Enfer de Dante, des poètes Baudelaire ou Wilfred Owen, de Faust, de Musset, de Dickens...

Toutefois, Anthony Caro poursuit : « Mais je doute pouvoir tracer une ligne nette : l’œuvre signale, elle ne raconte pas une histoire. »


II) Des sources dans la tradition des « Jugement dernier ».

1. Le parcours des portes
Caro cherche à voir comment l'homme est confronté à ses actions ; à plusieurs niveaux : religieux, mythologique, littéraire, historique... mais toujours symbolique (et pas réaliste).

L'installation ouvre avec Le Clocher. Station faite avec du bois de récupération, qui a « vécu »... C'est du bois de traverse du métro londonien. C'est une référence à la porte d'un camp ; de prisonniers, de concentration... De l'autre côté, il y a le monde des Enfers ; c'est la porte qu'on franchit pour entrer dans un camp mais qu'on ne franchit que dans un sens ( le cas pour les portes des camps de concentration...). L'artiste nous propose de passer par cette porte ; nous, spectateur, on la franchit symboliquement pour « entrer dans » l’œuvre,Symbolique forte.

On arrive ensuite devant La Porte de la Mort. Celle-là est fermée ; l'artiste n'a pas la prétention de nous la faire passer.

Au bout, il y a Les Dernières Trompettes, motif très répandu dans le Jugements Dernier (cf cathédrale de Strasbourg, à la fois sur le Pilier du Jugement dernier, sur le Portail de sortie ou sur la façade...) ; elles ne sont pas là pour acclamer ou fêter, mais pour réveiller les morts pour qu'il y ait réunification du corps et de l'âme.
« Je vais vous révéler un secret : nous ne mourrons pas tous, mais nous serons tous transformés en un instant, en un clin d’œil, quand sonnera la dernière trompette. Car lorsqu'elle sonnera, les morts reviendront à la vie pour être immortels et nous serons tous transformés. » Bible, Corinthiens, I, XV.
!!! Description porte à développer et enrichir
Une fois corps et âme réunis, il y a le jugement de Dieu qui nous mènera en Enfer ou au Paradis, via La Porte du Paradis, entrouverte ; on pourrait s'y glisser...
2. Entre Le Clocher et La Porte de la Mort, la station de Charon.

« Et voici s'avancer vers nous dans un bateau un vieillard blanc d'antique poil, Criant : « Malheur à vous âmes méchantes, n'espérez pas voir un jour le ciel : Je viens pour vous emmener à l'autre rive dans les ténèbres éternelles, en chaud et gel... ». Mais ces ombres qui étaient lasses et nues, changèrent de couleur et claquèrent des dents Dès qu'elles entendirent ces mots cruels. » L'Enfer, Dante, livre III

Dans la mythologie grecqueCharon ou Caron, le « nocher des Enfers » (le nocher est celui qui conduit une embarcation), était le fils d'Érèbe (les Ténèbres) et de Nyx (la Nuit). Il avait pour rôle de faire passer sur sa barque, moyennant un péage, les ombres errantes des défunts à travers le fleuve Achéron (ou selon d'autres sources, le Styx) vers le séjour des morts.

Charon était un vieillard à l'aspect revêche, sale et peu conciliant mais encore fort solide et qui ne se laissait pas fléchir par les prières de ceux qui n'avaient pas de quoi le payer. Vêtu d'une cagoule, il choisissait ses passagers parmi la foule qui s'entassait sur la rive. Seuls ceux ayant mérité un enterrement adéquat étaient choisis et uniquement s'ils pouvaient payer le voyage, entre une obole et trois oboles, d'où la coutume de placer une obole sous la langue du mort avant son enterrement. Ceux qui ne pouvaient payer devaient errer sur les bords de la rivière pendant cent ans.
Homère et Hésiode ne font aucune référence au personnage en tant que nocher infernal. La première mention du nom « Charon » dans la littérature grecque est une citation par Pausanias d'un poème perdu rattaché au Cycle épique, la Minyade. Et Diodore de Sicile évoque les allégations d'Égyptiens selon lesquelles le nom Charon et le mythe associé trouveraient leur origine dans des coutumes funéraires égyptiennes.
Il était très rare que Charon laisse passer un mortel encore vivant.
* Héraclès, quand il descendit aux Enfers sans mourir, n'aurait pas pu passer s'il n'avait usé de sa force pour le contraindre à lui faire passer le fleuve, à l'aller comme au retour. Charon fut emprisonné un an pour l'avoir laissé passer sans en avoir obtenu le paiement habituel pour les vivants, un rameau d'or obtenu auprès de la sibylle de Cumes.
* L’Énéide de Virgile (chant VI) raconte la descente d'Énée aux Enfers, lui aussi armé d'un rameau d'or donné par Apollon, et accompagné de la Sibylle.
* Autre mortel à avoir « deux fois vainqueur traversé l'Achéron » (Gérard de NervalLes Chimères « El Desdichado »), Orphée charma Charon, ainsi que Cerbère, pour ramener du monde des morts sa bien-aimée, Eurydice. C'est après la deuxième traversée, au retour, qu'il la perdit définitivement.
* Enfin, la belle Psyché, bien que vivante, paye par deux fois Charon (l'aller et le retour) afin d'accéder au palais de Perséphone pour le compte d'Aphrodite, comme Apulée le raconte dans ses Métamorphoses.
* Dante, guidé par Virgile, rencontre Charon dans l'Enfer (premier livre de la Divine Comédie). L'accès lui est interdit en tant que vivant (seules les âmes damnées sont autorisées à franchir l'Achéron dans l'embarcation de Charon), il franchira cependant l'Achéron de façon surnaturelle lors d'un évanouissement.


Chez Caro, [ !!!description porte à développer et à enrichir ] on retrouve la représentation symbolique de la barque avec un large morceau arrondi, propulsée par un « tube » surmonté d'une tête métallique, assez laide, Charon, à l'aide d'une longue perche, barque dans laquelle on voit les âmes des défunts, représentées avec 2 yeux, un nez... en fait, des éclisses (pièces pour les aiguillages) détournées.

III) Une création originale

1. « Une » « œuvre » ?
Ce n'est pas une œuvre mais une installation ; il y a une dimension spatiale ; on est « dans » l’œuvre tridimensionnelle.
Il y a 28 « stations », chacune étant une œuvre, référence aux stations du chemin de croix du Christ, véritable enfer aussi ??? Chaque station est indépendante ; toutes ne racontent pas une histoire unique, il n'y a pas forcément un cheminement fixé. Mais il y a un lien, la notion d'enfer et de justice, des différentes formes de justice (biblique, morale, populaire...)
Enfin, contrairement aux Jugements derniers « classiques », la représentation n'est pas verticale (cf tympans au-dessus du Portail de la cathédrale) mais horizontale.

2. Différentes formes de justice : la station des Danses de Salomé
L'histoire et les sources : Salomé est le nom d'une princesse juive du ier siècle mentionnée chez l'historiographe judéo-romain Flavius Josèphe. Dans le Nouveau Testament, une « fille d'Hérodiade » — habituellement identifiée par la tradition chrétienne à cette Salomé — est l'héroïne d'un épisode des évangiles , selon Matthieu et Marc, qui est la reproduction d'un récit populaire profane et que son aspect scandaleux rend historiquement peu vraisemblable.
Le père de Salomé, Hérode (fils d'Hérode le grand et de la fille du grand prêtre Simon Boëthos), est appelé Philippe dans les évangiles. Sa mère, Hérodiade, quitte son mari Hérode Philippe pour se marier avec le demi-frère de celui-ci, Hérode Antipas (fils, lui, de Hérode le Grand et de la Samaritaine Malthace), qui est tétrarque (= dirigeant) de Galilée. Flavius Josèphe évoque un comportement contraire aux lois nationales, qui fait référence au fait qu 'Hérodiade  « s'est séparée de son mari encore vivant ».
En effet, pour être nommé à la tête de la tétrarchie de Hérode Philippe par l'empereur, Hérode Antipas a imaginé conforter sa position en se mariant avec Hérodiade, la mère de Salomé. La manœuvre semble habile car Hérodiade, descendant à la fois d'Hérode le Grand et des Hasmonéens, est d'une lignée nettement plus assurée que la sienne et une union matrimoniale pourrait renforcer la prétention d'Antipas à obtenir le titre royal de la part de l'empereur.
« Partant pour Rome », là où tout se décide, Antipas passe proposer le mariage à Hérodiade, ce qu'elle s'empresse d'accepter. Elle décide de se séparer de son mari encore vivant, ce qui fait scandale dans la région dès que ce projet est révélé. Ils conviennent qu'elle cohabitera avec lui dès qu'il sera rentré de Rome et surtout « qu'il répudierait la fille d'Arétas », avec laquelle Antipas était marié. Seul Jean dit le Baptiste (car il baptisait les chrétiens « dans l'eau », en attendant que le Seigneur les baptise lui-même) aurait osé élever sa voix contre cette union.
Un soir, la fille — ou la « fillette »— d'Hérodiade, Salomé, danse devant Hérode Antipas, qui est donc son beau-père (et oncle!). Charmé, celui-ci lui accorde ce qu'elle veut. La jeune fille ne sait pas quoi demander. Elle va voir alors à sa mère qui lui conseille (pour sa propre vengeance) de réclamer la tête de Jean Baptiste, qu'Hérode Antipas, bien qu'il en fut triste mais ne pouvant revenir sur une promesse qu'il avait faite devant tout le monde, se résout à faire apporter sur un plateau.
L'enfant sans désir propre qui apparaît dans l'épisode néotestamentaire devient un personnage de tentatrice sensuelle qui inspire les artistes, particulièrement aux xixe et xxe siècles.


La représentation : on voit, dans la station de Caro, Hérode Antipas à l'arrière, dans l'ombre. Mais c'est surtout Salomé qui ressort, bien sûr. A noter le diadème (en outils éclectiques!) sur sa tête et l'habileté du sculpteur à créer, dans le métal, l'effet des drapés de la robe. On remarque aussi le plat sur la table, qui permet l'identification de la scène. On note aussi la tige articulée de côté, symbole du bras manipulateur de la mère.
Ce sont ici deux formes de « justice » qui sont dénoncées : le fait du maître (roi qui a droit de vie et de mort) et la vengeance, « justice » archaïque, qui s'accomplit.



3. Actualisation des sources ; une œuvre inscrite dans son temps ;
La station Guerre civile : Idée de chaos et d'anarchie // Guernica, ville bombardée par les armées allemandes et italiennes fascistes. On retrouve des fragments de pieds, de mains, de tête … et même d'animaux (// Picasso) [ !!! description à développer et à enrichir]
Évoque la guerre, les guerres cf tige métallique qui traverse/transperce un fragment : une arme, mais ancienne (sabre ? baïonnettes?) ou contemporaine (canon ? mitraillette ? ). Symbolise toutes les guerres, comme la forme arrondie (tank ? Obus ? …).
Station en 2 parties.... comme une guerre civile, toujours 2 parties qui s'affrontent dans un même pays, sans aucune loi. Et en guerre civile, comment se fait la justice ? Archaïque...


Conclusion cf M. Geiger