lundi 9 juin 2014

Chanson Lili Marleen, étude du texte en français.

Analyse stylistique : « Lily Marlène », paroles historiques, traduites par Henry Lemarchand, 1940.
Fabienne Ottenwelter, HDA, mars 2014

Présentation :
Ce n'est pas seulement une « traduction », mais une véritable réécriture poétique, cf forme générale:
5 strophes de 6 vers vers, des sizains + un 7ème vers répété, à effet de refrain ; des effets musicaux.
Vers : 5-5-5-6-8-8 (-6) : pentasyllabes / hexasyllabes / octosyllabes ; réguliers, avec nombre croissant, qui fait ressortir le 4ème vers de chaque strophe par rapport aux trois premiers.
rimes : ababcc = 4 rimes croisées et 2 plates ; des effets sonores, à la rime.


Strophes 1 & 2 : un drôle d'amour.
Strophe 1 : un début d'histoire « classique », avec réponse aux questions habituelles qu'on se pose (C.O.Q.P. ; Q(i) C).
Cadre :
* Où : « devant la caserne (allusion militaire, avec déterminant défini, comme si le lieu est évidemment connu ; référence à l'époque),
« ce coin »,
sous une « vieil-le » lanterne, avec mise en relief de « vieille », dont le -e final est prononcé puisque le mot est suivi d'un mot commençant par une consonne (cf règles de prononciation des -e muets finaux en poésie)
+ Quand : « quand le jour s'enfuit » : métaphore banale pour désigner « le soir » (v.5)
→ un cadre désert, guerrier ; tout sauf romantique...
* Qui : personnages : narration à la première personne, dans le « on » familier, inclusif, « je+ toi » ; avec effet d'attente sur le destinataire, repoussé à la toute fin de strophe, dernier mot du vers-refrain
* Quoi : un rendez-vous amoureux... mais surprenant puisque «espoir » rime ici avec « soir » (≠ espoir synonyme de lumière en général)
* comment : plus familier et réaliste que romantique (pas d'envolées lyriques, mais un cadre tristement réaliste)
+ moment passé (cf imparfait de durée « on s'attendait »), mais raconté au présent de narration (« s'allume et luit » v.4), souligné par le connecteur temporal d'action « Soudain », qui a pour effet de nous faire sentir qu'en racontant ce moment passé, le narrateur le revit.
un amour secret

+ Strophe 2 :
* une proximité (« enlacés », renforcés par la liaison nos « corps-z-enlacés » ; « une ombre », « embrassais » et « joue contre joue » … répétée (avec l’imparfait)
* mais un amour caché, interdit puisque « qu'une (seule) ombre » rime avec « sombre »
* qui n'est toutefois pas sinistre puisqu'on note la rime « serments » avec « ingénument » = naïvement, innocemment ;
* et qui reste tout à fait moral, irréprochable puisque le baiser est précipité avec les 6 syllabes du 4ème vers de la strophe et, qu'ensuite, on se limite à un échange de paroles, de promesses.
un amour profond mais caché


Ruptures de la 3ème strophe :
interjection forte « Hélas » (v.17), qui marquez le désespoir.
séparation (champ lexical : « se quitte », « séparer »), due au couvre-feu, mis en évidence dans ce 4ème vers précipité de la strophe
jeu de temps : on passe du présent de narration (« on se quitte ») au présent d'actualité (« te souviens-tu ») ; rupture. Rq : vers 15-16 : (« le temps passe vite », entre un présent de narration et un présent de vérité générale.
type de phrase : du déclaratif avant, pour narrer l'histoire, à l'interrogative, utilisée 2 fois (v.19-20 + 21)
adresse directe et répétée au destinataire, Lily Marlène, avec « te », « tu » puis le prénom « Lily Marlène » v.21 ;
variation du refrain, en type de phrase, mais aussi dans les paroles, avec adresse directe au mode impératif ; besoin de se raccrocher à elle, de lui parler pour partager cette douleur de la séparation
un amour perdu.


Strophes 4 & 5 : un amour d'avenir.
Strophe 4 :
* répétition : mêmes mots, reprise de la figure de style, adverbe « toujours » & présent d'actualité... à la limite du présent de vérité générale ; situation immuable
* Mais encore une phrase interrogative ; différente toutefois car elle concerne « je » ; le narrateur s'interroge, se parle à lui-même
* « aurais-je changé » : conditionnel passé ; valeur d'irréel du passé ; traduit la vanité des sentiments, la lassitude, le doute
un amour passé et dépassé ?

Strophe 5 :
* Champ lexical de la nostalgie : « tendre », « chers vingt ans », « chante », « mémoire » ; identification de la jeunesse … éternelle ; force et vitalité du souvenir
* répétition dans le 4ème vers de la strophe : « malgré les jours, les ans » ; renforce le refus du temps qui passe
* « il me semble » et « je te serre » : présent d'actualité cette fois, à valeur même de futur. L'amour n'est pas oublié, dépassé, mais en le chantant, au contraire, il est actuel, bien vivant, éternel.
un amour actuel et éternel



Ccl : renforcée par la musique, cette ballade, qui présente un amour fort et pur, a trouvé son public et traversé les années, pour représenter la force des amoureux que rien, ni le temps, ni la guerre, ne peut séparer.