vendredi 31 mai 2013

Les temps modernes, arts du visuel

En complément de ce qui est déjà sur le blog. 3 directions possibles.

I) Le film dans son ensemble.


Présenter l'auteur Charles Chaplin


http://fr.wikipedia.org/wiki/Charlie_Chaplin

Présenter le film (date, genre) & résumer l'histoire du film (cf synopsis).


http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Temps_modernes_(film)

Dominantes :

Certes, c'est un film burlesque : le personnage de Charlot / présence de toutes les formes de comique / le burlesque, un comique exagéré et amplement développé.

Mais c'est bien plus que ça : des passages mélodramatiques / une histoire d'amour / un contexte historique & économique dénoncé

C'est donc une oeuvre à portée universelle, un chef-d'oeuvre!



II) Les affiches du film.


3 affiches étudiées:



Analyse d'affiches Les Temps Modernes.


Rq : chaque affiche est ici étudiée séparément.
S'il y a plusieurs affiches du même esprit (ici, même illustrateur), il faut bien sûr présenter, dans un 1er temps, chacune (décrire puis analyser) ; puis, dans un 2ème temps, faire ressortir les points communs (ici en italiques).
S'il y a des affiches très différentes, il faut dans un 1er temps présenter (décrire puis analyser) chacune. Puis, dans un 2ème temps, analyser points communs & différences, en commençant par les moins nombreux.
Enfin, il faut évaluer, personnellement, si vous trouvez que c'est une bonne affiche, ou pas, pour le film... en justifiant.

Affiche 1 :

Description :

Au 1e plan, on voit une échelle « dans le vide », dont le haut est recourbé. Au 2nd plan, on voit un grand chapeau noir rempli d'engrenages et de rouages, dont la base est courbée et sur lequel un homme en costume est assis à califourchon ; dans sa main gauche, il tient un chapeau melon et une canne ; dans sa main droite, il tient une burette à huile en forme de cœur.

Le titre est placé au bas de l'affiche, mis en valeur par la couleur rouge. En haut, le nom de l'acteur.


Analyse :

Avec ses cheveux noirs, sa moustache et ses accessoires, on identifie immédiatement le personnage de Charlot. Par ailleurs, l'échelle a la forme de sa canne et la machine, la forme de son chapeau.

Le titre suggère une nouvelle époque, marquée par le machinisme dont les engrenages occupent l'essentiel de l'espace. Charlot huile les engrenages avec un/son cœur, comme s'il apportait de l'humanité, de l'amour dans un monde de machines.

Il garde son équilibre, alors que la situation devrait le déséquilibrer puisque ses deux mains étant occupées, il ne peut pas prendre appui ; la situation est donc burlesque et Charlot doit s'adapter à une situation difficile.

Ccl : Le thème du film est donc la confrontation homme / machine, évoquée sur le mode burlesque.


Affiche 2 :

Description :

On voit, de face, un personnage coupé en deux. Dans la partie droite, le bras, le buste et la jambe tendue sur le côté sont « constitués » d'éléments métalliques et la main tient une clé ; sous le « pied », les rouages miment un patin à roulettes ; à l'arrière-plan, on distingue un ensemble de rouages.

Dans la partie gauche, on voit la tête, coiffée d'un chapeau melon noir, le bras, le buste et la jambe d'un homme en veste noire et pantalon gris à rayures noires, tenant dans sa main une canne et, sur son bras recourbé, un petit couple constitué du même homme en miniature, portant sur son épaule un baluchon pendu à une canne, et d'une femme en robe rouge. La jambe est pliée et le pied est sur un patin à roulettes.

Le titre est placé au bas de l'affiche, mis en valeur par la couleur rouge. En haut, le nom de l'acteur.


Analyse :

Le costume sombre, les cheveux noirs, la moustache, le chapeau melon et la canne permettent d'identifier immédiatement le personnage de Charlot.

Le titre suggère une nouvelle époque, marquée par le machinisme représenté par le côté droit qui montre un humain déshumanisé par la machine, transformé en robot.

Dans le côté gauche (côté « cœur ») apparaissent les éléments qui ont une relation avec l'humain. Le visage est tourné vers sa droite, regardant le couple qui semble heureux, composé de lui-même et d'une femme en rouge, couleur de l'amour, élément fondamental dans l'affiche, qui ressort nettement.

Sur des patins à roulettes, Charlot garde son équilibre, alors que, sur des patins et les deux mains occupées, la situation devrait le déséquilibrer ; la situation est donc burlesque et Charlot doit s'adapter à une situation difficile.

Ccl : Le thème du film est donc la confrontation homme / machine, évoquée sur le mode burlesque.







Autre affiche, pour la version remasterisée.


III) La séquence initiale du film.





Analyse (cf formulation de l'académie de Caen)


Il s’agit de montrer aux élèves les difficultés socio-économiques de l’Amérique des années


1930, à travers le personnage d’un ouvrier, à la fois employé « modèle » et gaffeur.

Le générique :

1) Quels instruments sont utilisés pour la musique? Il y a des sons de fanfares : trompettes

puis violons.

2) A quel genre la musique peut-elle faire penser ? La musique ressemble aux annonces de

cirque ensuite elle devient dramatique. Elle a été composée par Charlie Chaplin comme le précise le générique.

Plan fixe :

Quel est l’objet qui figure dans ce plan fixe ? C’est une horloge qui est tellement grande  qu’elle dépasse le cadre de l’écran.

Quel pourrait être le lien entre cet objet et la thématique du film ? L’horloge indique que le  temps est compté, précieux, que l’homme court après le temps, le mouvement de l’aiguille rappelle la cadence de travail à l’usine. L’ouvrier est lié à la course à la productivité.

Le générique du film donne le ton par un avertissement au spectateur qui est fourni dès les premières secondes du générique : « Ceci est l’histoire de l’industrie, de l’entreprise individuelle, de l’humanité à la conquête du bonheur ».

D’après cet avertissement, quels sont les thèmes mis en avant par Chaplin ? La dénonciation de la société industrielle, la critique du progrès, une attaque de l’exploitation de l’homme par l’homme à travers la machine.

Les premiers plans :

Quel angle est utilisé pour filmer les moutons ? Il s’agit d’une plongée.

Regarde le centre de l’image. Que remarques-tu ? Il y a un mouton noir, qui symbolise Charlot, celui qui ne suivra pas comme les autres moutons.

Comment les deux plans sont –ils montés ? Pourquoi ? Chaplin utilise le fondu enchaîné afin de comparer les ouvriers à des moutons. Le travail à l’usine est déshumanisant, abrutissant. Les deux plans se juxtaposent, liés par le même thème musical, et forment ainsi une métaphore.

Ce plan est aussi en plongée : les hommes sont écrasés par leur tâche ouvrière.


L’usine :
Comment l’usine est-elle placée dans le plan ? Elle occupe les deux tiers de l’image, elle est imposante, gigantesque.

Quelle est la place des ouvriers sur ce plan ? Ils sont sous l’usine, en tout petit.

Quelle est l’impression produite ? Les ouvriers sont écrasés, avalés par l’usine.

Que font les ouvriers ? ils pointent

Comment leur crainte d’être en retard est-elle mise en évidence ? Ils se pressent, courent, se bousculent…

Les machines :

Quel élément occupe le plus de place dans le plan ? Pourquoi ? Les turbines occupent plus de place que l’homme qui est en minorité. Elles symbolisent les rythmes du travail auxquels les ouvriers doivent s'adapter.

Quel est la place de l’ouvrier ? Il est sous les machines qui sont beaucoup plus grandes que lui. Les dimensions sont déformées, les roues sont énormes.


Les différents personnages et leurs relations

Que fait le patron ? Il joue, il lit Tarzan….

En quoi son attitude s’oppose-t-elle à celle des ouvriers ? Il est calme, apaisé, il ne travaille pas

Selon vous, quelle image Chaplin cherche-t-il à donner du patronat ? Ils sont oisifs, ils sont payés à ne rien faire, peut-être jouent-ils avec la vie des ouvriers.

Quel objet montre la modernité de l’usine dans ce plan ? Le patron a un écran de contrôle.

En quoi cet objet montre-t-il son pouvoir ? il peut tout contrôler de son bureau ; les machines, mais aussi les ouvriers.

En quoi cet objet met-il en évidence la différence entre le patron et ses ouvriers ? Grâce à la vidéosurveillance, le patron n’a même plus besoin d’entrer en contact avec ses ouvriers.

Pourquoi avoir utilisé un bruit de cloche au début du plan ? ça permet de comparer le contremaître à un domestique qui répond quand on le sonne

Quelle est la réaction du contremaître ? Il accourt, il s’arrête en faisant un salut militaire et il s’exécute

Charlot, la machine et les autres ouvriers

Comment Charlot est-il filmé ? Selon vous pourquoi ? Il est filmé en légère contre plongée,pour insister sur sa faiblesse face à la machine

Qu’est-ce qui différencie Charlot des autres ouvriers ? Il se laisse déconcentrer, il ne se laisse pas encore dicter sa loi par la machine car il s’arrête plusieurs fois alors que la machine continue de tourner.

En quoi la réaction de ses collègues montre qu’il n’existe pas de solidarité entre les ouvriers ? Ils lui reprochent de s’arrêter, ils n’hésitent pas à le violenter.

Comment Charlot met-il fin au menace de son collègue ? Il lui montre que La machine redémarre

En quoi cela montre-t-il que la machine « gouverne la vie des ouvriers » ? Ils arrêtent ce qu’ils sont en train de faire dés que la machine redémarre.

Comment se comporte Charlot après avoir été  remplacé par son collègue ? Il continue à visser des écrous dans le vide, comme un automate.

Que cherche à montrer le réalisateur ? Il montre que les ouvriers sont rendus fous par le travail à la chaîne.

Quel changement remarque-t-on au niveau de la musique quand Charlot entre aux toilettes ? elle devient plus douce, le rythme se ralentit.

Comment se comporte Charlot ? Il semble apaisé

Que cherche à montrer le réalisateur ? Que Charlot est quelqu’un de tout à fait normal quand il n’est pas à la chaîne.

Quelle est la réaction du patron ? Il le renvoie au travail.

La machine à nourrir

Quelle impression donne la musique quand l’inventeur entre dans le bureau du patron ? musique « conquérante », trompettes, comme pour célébrer les victoires

Quel procédé utilise l’inventeur pour mettre en avant la modernité de son invention ? Il ne parle pas, mais diffuse un discours enregistré sur un gramophone.

Quels sont les arguments mis en valeur par le discours de l’inventeur ? sa machine permet de faire manger les ouvriers sans interrompre leur travail. Gain de temps, donc gain d’argent pour le patron

Comment Charlot est-il installé dans la machine à nourrir ? Il est comme enfermé, pris au piège de la machine.

Quels sont les plans choisis pour mettre en évidence son inquiétude ? légère contre plongée, plan poitrine pour montrer les expressions de son visage

Comment le réalisateur met-il en évidence le fait que la machine est hors de contrôle ? Elle ne réagit pas à l’intervention de l’inventeur

Les vendeurs ont-ils l’air de se préoccuper de Charlot ? Non, ils ne s’intéressent qu’à la machine.


Quel plan est utilisé pour mettre en évidence le fait qu’il va se passer quelque chose avec les écrous ? un très gros plan ou insert, afin d’attirer l’attention du spectateur sur ces deux écrous.

Comment le réalisateur insiste-t-il sur le fait que l’inventeur et sa machine se « moquent » bien des ouvriers ? Charlot finit par recevoir une tarte à la crème en pleine figure.

Charlot est rendu fou par la machine

Qu’arrive-t-il à Charlot ? Charlot est entraîné dans la machine

Quelle impression donne cette séquence ? Cela donne l’impression qu’il est avalé par la machine. Avec une sorte de gueule par laquelle entre d’abord Charlot, avant qu’on ne découvre derrière une sorte de tube digestif.

Selon-vous que veut montrer le réalisateur en « faisant » ressortir Charlot de la machine ? Mettre en évidence le fait que Charlot ne se laissera finalement pas absorber par la machine et son travail. Il est donc différent des autres.

Comment se comporte Charlot en sortant de la machine ? Comme un fou, il « visse » le nez de ses collègues, les boutons de la secrétaire

Quels changements remarquez-vous alors au  niveau de la musique ? Elle devient nettement plus gaie et accompagne les mouvements et la folie de Charlot

Quel plan à choisi le réalisateur pour montrer la dame qui marche dans la rue ? plan poitrine

En quoi ce plan laisse-t-il présager de ce qui  va se passer par la suite ? il permet de mettre en évidence ses boutons en forme d’écrous


Qu’est-ce qui montre que la folie de Charlot est compatible avec les réflexes des ouvriers ? Il pointe quand il rentre dans l’usine.

En quoi l’attitude de Charlot lui permet de se venger de la machine et de ses collègues ? Il détruit la machine en la manipulant n’importe comment, puis il asperge ses collègues d’huile

Qu’est-ce qui montre que ses collègues sont comme des automates, contrôlés par la machine ? Dés que Charlot remet la chaîne en route, ils se remettent au travail et arrêtent de le poursuivre.

Comment se plan permet-il de mettre en évidence la différence entre Charlot et ses collègues ? Il se retrouve au dessus d’eux, et même au dessus de son patron.

Selon vous, quel message cherche à faire passer le réalisateur à travers se plan ? Il veut montrer que Charlot est quelque de libre (vol au dessus des autres)



jeudi 30 mai 2013

Carmen, arts du langage, de la musique et du spectacle vivant

I) La nouvelle de Prosper Mérimée.

Présentation de l'auteur

  http://fr.wikipedia.org/wiki/Prosper_M%C3%A9rim%C3%A9e

Présentation de l'oeuvre et résumé



Résumé court de geoffrey13

Lors d’une expédition en Andalousie (Espagne), le narrateur va faire connaissance du plus grand brigand du pays, José Navarro. C’est à Courdoue, lorsqu’il le reverra pour le deuxième fois, qu’il apprendra la terrible histoire de cet ancien soldat d’origine basque, prit d’un amour fou pour une bohémienne, Carmen ... C’est lorsqu’elle poignarda une collègue, que Don José fut chargé de l’arrêter et de l’emmener au poste de police.

    Mais en chemin, aveuglé par l’amour qu’il éprouvait à son égard, il la laissa partir. Il fut renvoyé de son poste de soldat et déserta. C’est alors que pour gagner sa vie, Don José devint un contrebandier. Il apprit alors que Carmen était mariée à un autre homme, Garcia le Borgne, qui n’était autre qu’un de ses camarades. Jaloux de cette union, il décida de le tuer afin de récupérer sa douce.

    Après l’avoir recherchée durant plusieurs semaines, il la retrouva dans les bras d’un toréador nommé Lucas. Guidé par le chagrin et la colère, José Navarro la tua et l’enterra dans un bois. Prit de remords, il se rendit à la police et fut condamné à mort sans rémission possible.

Présentation plus complète:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Carmen_(nouvelle)

Etude d'un passage clé : le dénouement (fin du chapitre 3) La mort de Carmen


Situation du passage :
Ce texte se situe à la fin du chapitre III, il s'agit du dénouement de l'histoire de Carmen . Le chapitre IV est une étude sur les bohémiens en Europe sans rapport avec l'intrigue qu'on vient de suivre, il s'agit donc du réel dénouement de la Nouvelle.
Don José a tué Garcia et propose à Carmen un nouveau départ, il l'amène dans un coin isolé. A la page 101, le lecteur est préparé à la violence de ce qui va suivre :
" Carmen, lui dis-je, voulez-vous venir avec moi ?
" Je te suis à la mort, oui, mais je ne vivrai plus avec toi. "

Lecture
Dans une lecture méthodique nous étudierons ce passage comme un meurtre passionnel et donc amoureux, puis nous verrons qu'il s'agit davantage d'un meurtre rituel, sorte de corrida, pour enfin constater que ce dénouement est un aboutissement logique dû aux origines des deux protagonistes.

A) Un meurtre passionnel
L'histoire racontée par Mérimée (utilisant différents enchâssement) est une histoire d'amour, de passion et de mort. Le meurtre auquel on assiste ici est avant un meurtre passionnel, dénouement d'une tragédie amoureuse.
Le texte commence par " nous " qui associe grammaticalement les amants dans un rendez-vous secret : " gorge solitaire ". Ce lieu est un indice, il s'agit du dénouement car le lieu est le même qu'au début (l.27)
La passion amoureuse semble encore présente, Carmen est toujours aussi provocante (s'agit-il d'un rendez-vous amoureux ?)
" ôta sa mantille " (geste identique à celui de la rencontre)l.1687 à 1689
" la jeta à ses pieds "
" poing sur la hanche "
" me regardant fixement "
Ces gestes sont toujours aussi sensuels mais ils participent également au rituel dont on parlera en 2.
Le champ lexical de l'amour est omniprésent :
l.1694 : " Carmen ! ma Carmen ! laisse-moi te sauver et me sauver avec toi. "
l.1696 : " Je ne t'aime plus ; toi tu m'aimes encore " (tout est dit ici)
l.1703 : " Tu aimes donc Lucas ? "
Oui j'ai aimé et 4 fois le verbe + plaire. (lignes 1705 à 1709)
" T'aimer encore " l.1710
Les mots utilisés soulignent le caractère passionnel de la situation : si Don José tue Carmen, c'est parce qu'il l'aime. Lorsqu'elle jette la bague, symbole d'alliance, il la tue.
L'arme du crime est également symbolique, il tue Carmen avec le couteau de Garcia (voir l.1471)
C'est bien le crime passionnel d'un mari trompé ou d'un amant jaloux.
Cependant, d'autres facteurs entrent en jeu pour interpréter cette scène. Nous assistons aussi à un meurtre rituel, une mise à mort préparée depuis longtemps, l'issue fatale était inéluctable.



B) Un meurtre rituel
Les métaphores qui rapprochent cet affrontement ultime à une corrida sont nombreuses :
- la posture de Carmen (l.1687 à 1689)
- l'absence de peur face à la mort , Carmen continue à provoquer Don José même si elle sait qu'il va la tuer. " J'aurais voulu qu'elle eût peur et qu'elle me demanda grâce, mais cette femme était un démon. "
" Je crois encore voir son grand œil noir me regarder fixement " : fait penser au jeu des regards entre le torero et le taureau.
Le coup de grâce : " Je la frappais deux fois " est rendu d'autant plus violent avec une syntaxe très rapide et l'utilisation du passé simple.
Don José n'hésite pas et le récit est brutalement stoppé par ce qui ressemble à une véritable mise à mort :
" Elle tomba au second cou, sans crier "
Carmen ne conteste pas, elle accepte le châtiment car c'est elle qui l'a choisi :
l.1711 : " T'aimer encore, c'est impossible, vivre avec toi je ne le veux pas " Elle choisit donc la mort .
Toute la force du personnage de Carmen, libre de choisir sa mort, prend toute sa dimension ici et malgré la plainte de Don José dans la dernière phrase : " Pauvre enfant ! ", c'est lui qui paraît pitoyable et Carmen qui prend une stature héroïque tragique.
Ce meurtre est cependant également un accomplissement.

C) Un accomplissement
Une opposition fondamentale entre les protagonistes rendait ce dénouement inévitable.
C'est avant tout une opposition ethnologique selon Mérimée. Nous avons déjà souligné l'importance qu'avaient les origines basques de Don José : une liaison avec une femme est pour lui éternelle, jusqu'à la mort. Cette idéologie vient de l'orthodoxie catholique très forte chez les basques.. Cette orthodoxie catholique apparaît dans tout le rituel qui suit le meurtre de Carmen :

- " Je lui creusai une fosse avec mon couteau. " (passage à rapprocher de la volonté frénétique du chevalier Des Grieux à creuser une tombe pour Manon dans Manon Lescaut).
- " Je cherchai longtemps sa bague et je la trouvai à la fin " : cette bague est symbole de pacte et d'alliance (connotation religieuse)
- " Je la mis dans la fosse auprès d'elle avec une petite croix "
- Fait faire une prière pour les morts et dire une messe (requiem)
Don José a en fait libéré sa conscience avec les rites de son ethnie (il en est conscient lorsqu'il dit " Peut-être ai-je eu tort " ligne 1728) alors que Carmen est restée fidèle à sa culture (voir lignes 1696 et suivantes) :
" Je pourrais bien encore te faire quelque mensonge ; mais je ne veux pas m'en donner la peine "

De plus, Carmen affirme son appartenance à son peuple en parlant d'elle à la troisième personne :
Lignes 1700 à 1701 : " Comme mon rom, tu as le droit de tuer ta romi ; mais Carmen sera toujours libre. Calli elle est née, calli elle mourra. "

Les deux protagonistes restent donc fidèles à eux-mêmes jusqu'au bout.


Conclusion :
Ce passage constitue un dénouement à part entière et donne toute sa force à la tragédie du destin de Carmen. Le lecteur peut s'étonner d'avoir à tourner la page pour lire un chapitre qui, si intéressant soit-il, ne peut être jugé que comme un supplément qui n'était pas indispensable. On restera avec le regard noir de Carmen comme l'a dit Louis Ernault en 1853 :
" On ferme le livre, et on voit encore ce grand œil noir mourant, à demi éteint, à la fois fixe et vague. "
Carmen morte entre dans la légende pour devenir un véritable mythe féminin.


 

Bilan : les personnages


ANALYSE  DES  CARACTERES.

DON  JOSE :

INTRO : un personnage ambigu, dont on découvre différents aspects dans la nouvelle ; une évolution négative.

I.                    Un honnête homme.

← naissance, famille noble ; éducation religieuse…cf. autoportrait.
← valeurs du travail, incessant ; choix de la carrière militaire, qu’on lui promet brillante.
← défend son honneur, par le duel (raison de son éloignement de sa région natale).
← naïveté, timidité ; aspect provincial.

II.                 Un homme honnête.

← même contrebandier, il respecte certaines valeurs :  « Je ne suis Egyptien que par hasard ; et pour certaines choses, je serai toujours franc Navarrais » ; Remendado ; refus du plan lâche de Carmen pour supprimer le Borgne.
← rapport avec le narrateur, gestes, attitudes, parole, confiance…
← volonté de changer de vie, lassitude ;
← se réfugie dans la religion, avant de tuer Carmen comme en prison.


III.               Un amoureux intransigeant.

← aveuglé par sa passion, une fois qu’elle est née ; « tout comme un homme ivre ». Accepte de changer ses valeurs, son mode de vie, son métier…
← quand il aime, aime passionnément ; fait tout pour Carmen, lui offre des cadeaux, accepte ses « conquêtes pour affaires »…
← a de plus en plus de mal à accepter la liberté de Carmen ; tue le lieutenant par accident, le Borgne de façon préméditée.
← refuse d’admettre l’incompatibilité entre « chien » et « loup » ; tue Carmen, qu’il aime pourtant profondément.

CCL : un personnage vertueux, qui rencontre le diable et est perverti par lui. Attachant, sincère et noble, de naissance et de cœur. La morale est sauve, les châtiments sont « mérités ». Mais l’amour aussi est sauf, puisque la passion n’est liée à la mort que pour s’idéaliser dans la survie.


CARMEN


INTRO : une femme mystérieuse, au cœur de la nouvelle éponyme. Un personnage entier.

I.                    Une Bohémienne.

← physique, vêtements.
← activité : bonne aventure, vol, travail … selon les opportunités.
← vie nomade ; sentiments volages.

II.                 Le diable.

← provocante, séductrice. Cherche à se faire remarquer ; attirée par ceux qui ne lui « rendent pas hommage ».
← use, et abuse, de son charme ; se fait entretenir. Joue avec les hommes.
← le dit elle-même ; prévient Don José, dont elle a senti la pureté…
← n’a pas peur de la mort.

III.               Une femme fragile.

← s’attache à Don José ; l’aime sincèrement ; est blessée par son intransigeance.
← a pressenti la fin
← revendique une liberté absolue

CCL : fière et hautaine, passionnée aussi ; en conflit avec les valeurs représentées par Don José, elle prend son parti de leur incompatibilité, mais refusera de céder à la peur, quitte à perdre sa vie.



II) L'opéra de Georges Bizet.


 Présentation de l'auteur


http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Bizet

 Présentation de l'oeuvre & résumé du livret :


http://fr.wikipedia.org/wiki/Carmen_(op%C3%A9ra)


Extraits sonores :





Une particularité : la habanera   

http://fr.wikipedia.org/wiki/Habanera



SYNTHESE : L'Opéra, transposition ou adaptation de la nouvelle ?


Rq: Ce travail est celui d’un élève; seuls les passages entre crochets (introduction et conclusion en particulier) ont été modifiés.


                [A l’opéra qu’il compose en 1875, Georges Bizet donne le titre  Carmen, titre de la nouvelle écrite trente ans plus tôt par Prosper Mérimée. Il reprend donc le titre éponyme, qui place la jeune femme au centre de l’histoire, créant un effet d’attente pourtant un peu émoussé puisque l’histoire est connue par une partie du public, la nouvelle ayant connu un grand succès.
On peut donc se demander si l’œuvre du compositeur est une simple transposition dramatique, d’un texte écrit à une mise en scène musicale ; ou bien s’il s’agit d’une adaptation, avec les modifications personnelles qui en résultent et les conséquences par rapport à la portée de l’œuvre.]



Tout d’abord, il faut bien avouer qu’il y a un grand nombre de points communs. D’une part, l’endroit où se passe l’histoire est le même : Séville ; et d’autre part, l’ambiance espagnole est présente dans les deux œuvres. Par exemple, comme le narrateur [de la nouvelle] est un savant, il est intrigué par les coutumes de ce pays, s’informe et nous explique quelquefois celles-ci, comme [la valeur de l’échange d’un cigare ou les particularités de prononciation]. Et, dans l’opéra, cette ambiance est aussi très présente, notamment parce que cet opéra est réellement tourné dans le pays : il y a donc les paysages et vêtements qui concordent parfaitement ; de plus, les musiques sont tout à fait de la région et montrent très bien l’ambiance populaire qui règne en Espagne. Par exemple, avec la marche du Toréador, lorsque ce dernier entre dans l’arène, lors du prélude, ou les enchaînements lent-rapide des chansons de Carmen, typiques du pays, [ou encore le choix des instruments et des percussions en particuliers].
L’histoire est aussi la même : le brigadier Don José [rencontre] Carmen, la laisse s’échapper [quand il l’emmène en prison, après avoir dû l’arrêter à la manufacture de cigares, tombe amoureux au fur et à mesure de leurs rencontres, doit déserter suite à un meurtre] et la retrouve dans un repaire de contrebandiers. Puis, son désespoir se transformant en colère, il la poignarde lorsqu’elle aime [un toréador]. Cette ambiance tragique est donc aussi présente et l’histoire reste globalement la même.
Il faut [enfin] admettre que les personnages restent fidèles à eux-mêmes : on retrouve les mêmes, Don José et Carmen, et ils ont le même caractère. Carmen, par exemple, est toujours aussi effrontée, provocante : [par ses attitudes et ses paroles dans la nouvelle, comme lorsqu’elle se moque de l’épinglette de Don José lors de la première rencontre et qu’elle lui envoie une fleur de cassie entre les deux yeux ; ] par ses danses et ses chants enivrants[dans l’opéra], notamment dans le taverne. Et Don José reste impuissant face à elle, l’aimant et abandonnant tout pour elle. [ Bizet s’est donc largement inspiré du texte de Mérimée.]

Toutefois, il y a aussi des différences. [A commencer par le fait que ] le narrateur  [de la nouvelle], le savant, est enlevé [dans l’opéra] puisqu’il n’a plus d’utilité, et ce qu’on apprenait de lui  nous est appris par d’autres personnages [qui s’expriment au fur et à mesure des dialogues de l’opéra]. Il y a aussi des personnages rajoutés : comme Escamillo et Mickaëla. Escamillo est en fait Lucas [de la nouvelle] et, n’ayant plus de narrateur [à l’opéra], il prend plus d’importance que dans la nouvelle ; et Mickaëla est la fiancée de Don José par qui on apprend ses origines et ses qualités. De plus, il y a aussi les deux compagnes de Carmen, qui sont [très peu] présentes dans la nouvelle [où elles ne sont même pas individualisées et nommées, alors qu’elles sont très importantes dans l’opéra, où ] elles accentuent le côté tragique de l’histoire, lors de la scène des cartes où Carmen apprend sa mort, [scène qui est quasi inaugurale dans l’opéra, alors qu’elle n’est évoquée qu’a posteriori, à la fin de la nouvelle].
[Il y a donc aussi un traitement différent de la chronologie et] un déroulement plus rapide de l’histoire dans l’opéra puisque cela fait appel au visuel ainsi qu’à l’auditif. On a, par exemple, un contact direct avec les acteurs et on n’a plus besoin du narrateur, qui avait un rôle d’intermédiaire dans la nouvelle. Puis, il n’y a donc plus de pauses provoquées par les longues descriptions de celui-ci, [descriptions physiques de personnages, de paysages d’ambiances ou d’atmosphères], puisque dans l’opéra, c’est visuel donc beaucoup plus facile à comprendre et à voir. De plus, les musiques accentuent aussi les différents aspects : par exemple tragique lors de la scène des cartes où on apprend la future mort de Carmen, ou encore gaie lors de ses chansons bohémiennes à la taverne de Lillas Pastia.
Et enfin, l’histoire change un peu puisque Don José tue Carmen après qu’elle veuille rejoindre Escamillo à la suite d’une corrida et non, comme dans la nouvelle, après qu’il lui demande de l’accompagner dans le Nouveau Monde où elle refuse d’aller, lui annonçant son absence de sentiments. [ Il y a donc de sensibles différences entre les deux œuvres.]

[Et ces différences modifient considérablement la portée de chacune. Dans la nouvelle, la jalousie n’est pas le mobile du meurtre final ; il s’agit bien plutôt de la revendication de Carmen pour une liberté  absolue, liberté qui représente un danger pour Don José alors que Carmen lui lance « Tu ne m’aimes pas ». L’amour est alors pris au piège et s’abîme dans la mort, revendiquée par Don José comme l’apothéose de la passion. Mais l’œuvre de Mérimée est bien le témoignage d’une insurrection sociale.
Au contraire, Bizet  fait de cette histoire un drame de la jalousie. Les circonstances sont bien différentes, et le rôle, primordial dans l’opéra, joué par Escamillo le prouve bien. Don José tue Carmen à cause de lui ; pas d’elle-même. La portée de cet opéra est donc bien moindre.



 REMARQUE :
Dans l'opéra, l'image de la corrida dans la mort de Carmen est encore plus évidente, les librettistes introduisent en musique de fond une corrida où Lukas torée (plus évident encore dans le film de F.Rosi où le parallèle existe grâce au montage des images)
Le texte de Mérimée y est repris en une sorte de récitatif (ce n'est pas un chant)
Fin de l'opéra : " C'est moi qui l'ai tué, ma Carmen adorée ", cet oxymore qui met en relation à la fin Eros et Thanatos met en présence les deux principes symboliques de toute l’œuvre.
(voir le jugement de Wagner donné au début sur cette fin dans l'opéra).

vendredi 24 mai 2013

Para, para, paradise !


I- Etude du roman "Au Bonheur des Dames" d'Emile Zola
a-pouvoir situer l'auteur dans son époque/comparaison avec Balzac
b-pouvoir résumer l'oeuvre en présentant notamment l'évolution du personnage principal: Denise
Résumé : Denise est l'héroïne du roman. Suite à la mort de son père, elle quitte Valognes pour rejoindre son oncle Baudu qui réside à Paris. Elle est accompagnée de Jean et Pépé , ses deux frères. Si son oncle ne peut pas l'engager au Vieil Elbeuf, son petit commerce, Octave Mouret va l'accueillir Au Bonheur des Dames. Ses débuts seront difficiles (souffrances physiques et morales seront son lot quotidien). Au fur et à mesure, Denise prend de l'assurance et devient même une redoutable vendeuse et donc concurrente pour les employées du grand magasin parisien. Ce « grand colosse », cette « machine », ce « monstre » écrase tout sur son passage, les petits boutiquiers meurent à petit feu. La concurrence est trop grande. On découvre aussi dans ce roman une histoire d'amour entre Octave Mouret et Denise qui essaie de résister à cette irrésistible attraction qu'elle croit dangereuse. A la fin du roman, elle cède et Mouret lui promet de la ramener au Bonheur des Dames « tout-puissante ». Il l'épousera.


c-étude d'un extrait: les stratégies de vente d'Octave Mouret

Mouret avait l’unique passion1 de vaincre la femme. Il la voulait reine dans sa maison, il lui avait bâti ce temple, pour l’y tenir à sa merci. C’était toute sa tactique, la griser2 d’attentions galantes et trafiquer de ses désirs, exploiter sa fièvre. Aussi, nuit et jour se creusait-il la tête, à la recherche de trouvailles nouvelles. Déjà, voulant éviter la fatigue des étages aux dames délicates, il avait fait installer deux ascenseurs capitonnés3 de velours. Puis, il venait d’ouvrir un buffet où l’on donnait gratuitement des sirops et des biscuits et un salon de lecture, une galerie monumentale décorée avec un luxe trop riche, dans laquelle il risquait même des expositions de tableaux. Mais son idée la plus profonde était chez la femme sans coquetterie, de conquérir la mère par l’enfant ; il ne perdait aucune force, spéculait sur tous les sentiments, créait des rayons pour petits garçons et fillettes, arrêtait les mamans au passage, en offrant aux bébés des images et des ballons. Un trait de génie que cette prime des ballons, distribuée à chaque acheteuse, des ballons rouges, à la peau fine de caoutchouc, portant en grosses lettres le nom du magasin, et qui, tenus au bout d’un fil, voyageant en l’air, promenaient par les rues une réclame vivante !
La grande puissance était surtout la publicité. Mouret en arrivait à dépenser par an trois cent mille francs de catalogues, d’annonces et d’affiches. Pour sa mise en vente des nouveautés d’été, il avait lancé deux cent mille catalogues, dont cinquante mille à l’étranger, traduits dans toutes les langues. Maintenant, il les faisait illustrer de gravures, il les accompagnait même d’échantillons collés sur les feuilles. C’était un débordement d’étalages, le Bonheur des Dames sautait aux yeux du monde entier, envahissait les murailles, les journaux, jusqu’aux rideaux des théâtres. Il professait4 que la femme est sans force contre la réclame5, qu’elle finit fatalement par aller au bruit. Du reste, il lui tendait des pièges plus savants, il l’analysait en grand moraliste6. Ainsi, il avait découvert qu’elle ne résistait pas au bon marché, qu’elle achetait sans besoin, quand elle croyait conclure une affaire avantageuse ; et, sur cette observation, il basait son système de diminution des prix, il baissait progressivement les articles non vendus, préférant les vendre à perte, fidèle au principe de renouvellement rapide des marchandises.
1 Passion : obsession
2 Griser : rendre ivre
3 Capitonnés : rembourrés
4 Professait : déclarait
5 Réclame : publicité

6 Moraliste : celui qui étudie les comportements humains


Émile Zola, Au Bonheur des Dames, chapitre IX, 1883


II-Les grands magasins au XIXème siècle
a) Histoire des grands magasins dits de "nouveautés" (voir manuel pages 120-121)

recherche personnelle: Qui était Aristide Boucicot?



le Bon marché
b)Aujourd'hui
Le Bon Marché














c)Des publicités
III- Une adaptation sur la BBC: "The Paradise"

dimanche 5 mai 2013

Oedipe...complexe!

oeuvres non présentées à l'oral d'HDA
Œdipe enfant rappelé à la vie par le berger Phorbas qui l'a détaché de l'arbreAntoine-Denis Chaudet (Français-1763–1810) Musée du Louvre

détail

Oedipe et le Sphinx, 1864, Gustave Moreau , Metropolitan Museum of Art
Le Chat-Philippe Gelück