Analyse
stylistique : « Lily Marlène », paroles
historiques, traduites par Henry Lemarchand, 1940.
Fabienne
Ottenwelter, HDA, mars 2014
Présentation :
Ce
n'est pas seulement une « traduction », mais une
véritable réécriture poétique, cf forme générale:
← 5
strophes de 6 vers vers, des sizains + un 7ème vers répété, à
effet de refrain ; des effets musicaux.
←
Vers :
5-5-5-6-8-8 (-6) : pentasyllabes / hexasyllabes / octosyllabes ;
réguliers, avec nombre croissant, qui fait ressortir le 4ème vers
de chaque strophe par rapport aux trois premiers.
←
rimes :
ababcc = 4 rimes croisées et 2 plates ; des effets sonores, à
la rime.
Strophes
1 & 2 : un drôle d'amour.
Strophe
1 : un début d'histoire « classique », avec
réponse aux questions habituelles qu'on se pose (C.O.Q.P. ;
Q(i) C).
Cadre :
*
Où : « devant la caserne (allusion militaire, avec
déterminant défini, comme si le lieu est évidemment connu ;
référence à l'époque),
« ce
coin »,
sous
une « vieil-le » lanterne, avec mise en relief de
« vieille », dont le -e final est prononcé puisque le
mot est suivi d'un mot commençant par une consonne (cf règles de
prononciation des -e muets finaux en poésie)
+
Quand : « quand le jour s'enfuit » :
métaphore banale pour désigner « le soir » (v.5)
→
un cadre désert, guerrier ; tout sauf romantique...
*
Qui : personnages : narration à la première personne,
dans le « on » familier, inclusif, « je+ toi » ;
avec effet d'attente sur le destinataire, repoussé à la toute fin
de strophe, dernier mot du vers-refrain
*
Quoi : un rendez-vous amoureux... mais surprenant puisque
«espoir » rime ici avec « soir » (≠ espoir
synonyme de lumière en général)
*
comment : plus familier et réaliste que romantique (pas
d'envolées lyriques, mais un cadre tristement réaliste)
+
moment passé (cf imparfait de durée « on s'attendait »),
mais raconté au présent de narration (« s'allume et
luit » v.4), souligné par le connecteur temporal d'action
« Soudain », qui a pour effet de nous faire sentir qu'en
racontant ce moment passé, le narrateur le revit.
→
un amour secret
+
Strophe 2 :
*
une proximité (« enlacés », renforcés par la liaison
nos « corps-z-enlacés » ; « une ombre »,
« embrassais » et « joue contre joue » …
répétée (avec l’imparfait)
*
mais un amour caché, interdit puisque « qu'une (seule) ombre »
rime avec « sombre »
*
qui n'est toutefois pas sinistre puisqu'on note la rime « serments »
avec « ingénument » = naïvement, innocemment ;
*
et qui reste tout à fait moral, irréprochable puisque le baiser est
précipité avec les 6 syllabes du 4ème vers de la strophe et,
qu'ensuite, on se limite à un échange de paroles, de promesses.
→
un amour profond mais caché
Ruptures
de la 3ème strophe :
←
interjection
forte « Hélas » (v.17), qui marquez le désespoir.
←
séparation
(champ lexical : « se quitte », « séparer »),
due au couvre-feu, mis en évidence dans ce 4ème vers précipité de
la strophe
←
jeu
de temps : on passe du présent de narration (« on se
quitte ») au présent d'actualité (« te
souviens-tu ») ; rupture. Rq : vers 15-16 :
(« le temps passe vite », entre un présent de narration
et un présent de vérité générale.
←
type
de phrase : du déclaratif avant, pour narrer l'histoire, à
l'interrogative, utilisée 2 fois (v.19-20 + 21)
←
adresse
directe et répétée au destinataire, Lily Marlène, avec « te »,
« tu » puis le prénom « Lily Marlène »
v.21 ;
←
variation
du refrain, en type de phrase, mais aussi dans les paroles, avec
adresse directe au mode impératif ; besoin de se raccrocher à
elle, de lui parler pour partager cette douleur de la séparation
→
un amour perdu.
Strophes
4 & 5 : un amour d'avenir.
Strophe
4 :
*
répétition : mêmes mots, reprise de la figure de style,
adverbe « toujours » & présent d'actualité... à la
limite du présent de vérité générale ; situation immuable
*
Mais encore une phrase interrogative ; différente toutefois car
elle concerne « je » ; le narrateur s'interroge, se
parle à lui-même
*
« aurais-je changé » : conditionnel passé ;
valeur d'irréel du passé ; traduit la vanité des sentiments,
la lassitude, le doute
→
un amour passé et dépassé ?
Strophe
5 :
*
Champ lexical de la nostalgie : « tendre », « chers
vingt ans », « chante », « mémoire » ;
identification de la jeunesse … éternelle ; force et vitalité
du souvenir
*
répétition dans le 4ème vers de la strophe : « malgré
les jours, les ans » ; renforce le refus du temps qui
passe
*
« il me semble » et « je te serre » :
présent d'actualité cette fois, à valeur même de futur. L'amour
n'est pas oublié, dépassé, mais en le chantant, au contraire, il
est actuel, bien vivant, éternel.
→
un amour actuel et éternel
Ccl :
renforcée par la musique, cette ballade, qui présente un amour fort
et pur, a trouvé son public et traversé les années, pour
représenter la force des amoureux que rien, ni le temps, ni la
guerre, ne peut séparer.
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