vendredi 29 mai 2015

Les joueurs de Skat, les Gueules cassées dans Cris de Laurent Gaudé et chez Otto Dix

Huile sur toile et collage, 1920
Otto Dix, peintre allemand né à Dresde en 1891. S'engage dans l'artillerie après des études d'Arts en 1914.

Recherches personnelles à présenter au cours de l'épreuve:
de préférence informatisées,imprimées et agrafées …
  • biographie d'Otto Dix en 15 lignes
  • qqes tableaux célèbres et leurs thèmes
  • A partir du site www.gueules-cassees.asso.fr présenter un petit résumé d'une vingtaine de lignes sur la situation des gueules cassées après la première GM.
  • Trouver le nom d'autres artistes s'étant intéressés aux Gueules cassées et noter le nom des oeuvres concernées (vous pouvez adjoindre une image)

La scène présente 3 hommes en train de jouer aux cartes dans un café à Dresde (on remarque le porte manteau, les journaux sur présentoir). Ces hommes sont des vétérans de la première guerre mondiale, des allemands (croix de fer sur l'homme en bleu).
On a l'impression que le tableau est un puzzle mal assemblé.

L'homme en bleu : Il est amputé des membres inférieurs au niveau de la taille et il est manchot d'un bras. C’est donc presque un homme-tronc. Son bras manquant est remplacé par une prothèse articulée à l'épaule. Il n'a plus de nez et sa mâchoire inférieure est en métal. Elle porte la signature du peintre et son portrait en médaillon. On remarque qu'Otto Dix fait apparaître des choses cachées ou invisibles : les engrenages des prothèses sous les vêtements ou sous la peau, les membres amputés (ici le sexe, qui symbolise l'impossibilité du désir)
L'homme au centre : Il est amputé des bras, il tient son jeu dans un porte-cartes et joue avec sa bouche. Amputé aux genoux, ses tibias sont en bois. Son visage est ravagé : il a une mâchoire de métal, une oreille de métal, un œil de verre et une plaque dans le crâne. Sur la plaque est gravé un couple qui danse et la carte qu'il montre est une dame de coeur. Cela symbolise les rêves perdus de ces hommes abîmés, ceux de l'amour et du désir inassouvi.
L'homme en vert : c'est le plus abîmé des trois, vraisemblablement il est en attente d'une chirurgie réparatrice. Son visage est complètement brûlé, son orbite est vide, un appareil auditif rudimentaire lui sort du crâne.

Bilan :
Traumatisé par la guerre des tranchées (voir le triptique « La Guerre »), Otto Dix met en scène des corps désarticulés et des rêves brisés. A travers ses personnages abîmés, il peint un sombre présent : écroulement économique de l'Allemagne, approches de nouvelles guerres.
Les mutilations affichées des tableaux dénoncent la violence des combats, les hommes ne sont plus que des marionnettes que l'on exhibe, des monstres grotesques en attente de reconnaissance.




Etude de passages au choix à mettre en rapport :
-  la fuite de Jules en train

Jules est en permission, il prend le train pour se rendre en ville. Il est très réjoui à la perspective d'enfin pouvoir refaire l'amour à une femme. Mais en même temps il est terrifié : il pense qu'il a été transformé en monstre par la guerre, il se sent capable de tuer et d'étrangler au moindre contact.

Les maux de Jules- symptômes :


Symptômes physiques
Symptômes psychiques
Il est complètement sourd
N'arrive plus à dormir à cause des cauchemars
Se sent vieux
Il est couvert de plaies et de cicatrices
Il ne contrôle plus ses yeux
Son corps tremble
Corps douloureux en permanence
Il a toujours peur
Il ne se croit plus un homme, il se croit un monstre, une bête
Son corps fait de lui un tueur
Il a peur de violer et d'étrangler les femmes qu'il rencontre
A toujours envie de pleurer, se sent seul





L'auteur nous parle à travers le monologue (ou soliloque) de Jules des traumatismes des soldats. Ils sont autant physiques que mentaux et semblent empêcher toute réinsertion sociale. (mener une vie normale dans le civile, se comporter correctement avec les autres)

- la description des tranchées : les hommes de boue

Les corps difformes

Trois personnages vont évoquer l'apparence des soldats « de la vieille garde », c’est-à-dire des vétérans.
Champ lexical de la difformité : « une momie qui respire, un monstre accidenté, un masque de pansements, un peuple de boue, des ombres sales et courbées, le regard vide, un cortège fantôme, des hommes hideux, des visages hirsutes et vagabonds, des chevaux de trait, des chiens malades, des hommes exsangues »

L'auteur évoque les vétérans de trois façons :
  • par leur corps ravagé : les hommes ont été détruits par les éclats d 'obus et les shrapnels. Ils ont une apparence repoussante. Ils étaient surnommés « Les Gueules cassées ».
  • par leur âme détruite ou « endormie » : soit du fait de leurs blessures, soit du fait de ce qu'ils ont enduré au cours de leur incorporation, de nombreux soldats se sont retrouvés inadaptés à la vie sociale.
  • L. Gaudé emploie 2 comparaisons animales : la première renvoie aux lourdes tâches effectuées par les hommes, sans choix possible ; la seconde les renvoie à leur inutilité : malades, épuisés; ils sont bons pour le rebut. Les comparer à des animaux revient aussi à leur nier leur humanité.

L'auteur utilise également une métaphore pour parler de ces soldats qui reviennent du front : « les hommes de boue ».
Sens propre : ils sont couverts de boue
sens figuré : comme dans la Bible, les soldats ne sont plus humains, ils sont inexistants (en mourant ils retournent « à la poussière », Dieu a crée l'Homme du néant à partir de la boue)

Bilan : Laurent Gaudé dénonce les ravages de la guerre, qui transforme inéluctablement les hommes. Loin de les rendre plus forts ou meilleurs, elle annihile.



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